Chaque texte, un pas de plus sous le poids de ma croix. Chaque phrase, un clou de plus planté dans ma chair. Chaque mot, une goutte de plus de mon sang versé. Crucifiée. Tu m’as crucifiée. La tête dans la douceur des nuages au dessus du tout, je me suis inventée un autre moi, une autre vie, un autre corps, un autre cœur. Réelle ou rêve ? Mensonge ou vérité ? Je ne sais plus. Je suis perdue. Perdue en toi. Perdue en moi. Je coule dans le flot de tes mots. Tourbillon sans fin, prisonnière de leur braise, je me suis brûlée. Brûle le bûcher pour la sorcière. Quel mal, quel mal ai-je fait ? A qui ? Pourquoi ? Pourquoi ai-je si mal ? Ta plume a voyagé dans l’espace temps de mon moi. Elle a creusé, creusé toujours plus bas, jusqu’aux entrailles, le feu de l’enfer. Tu en as reforgé la clé. Mon livre des secrets dont une seule et unique page habillée de notes pour une prière, la dernière, celle que je voulais pour ultime partage entier avant de fermer les yeux à jamais, tu l’as ouvert. Tu l’as fait. Et maintenant, qui serais-je? Comment vivre autrement ? Comprends-moi, j’ai pris un océan de souvenir en pleine figure, mes états d’âme, réprimés, refoulés, embaumés, piétinés, scarifiés, poignardés. Je n’ai plus de mots. Je n’en trouve plus. Je ne sais même plus s’ils viennent de moi ! A trop voir les autres je ne me voyais plus. Je n’existais plus. Je n’existe plus. Je ne suis plus qu’un amas d’émotions, de sons, de vibrations, de visions qui s’entremêlent, s’entrechoquent et explosent en mon être profond. Je pleure. Oui, je pleure encore. Alors laisse moi pleurer c’est la seule chose que je peux faire. Je ne veux pas succomber à la combustion spontanée. Mourir par le feu, non, surtout pas par le feu ! Ramasse la lance, transperce moi le cœur et vas, ne pleure plus avec moi, ne pleure plus avec moi.