Le pantin a morflé.
Si je pouvais éprouver quelque empathie je le plaindrais.
Mais voilà,
Les rôles sont bien partagés.
Le pantin a morflé
Je m'étais pourtant appliqué
Je lui ai donné les clés du ring
Je lui ai appris à cogner
-d'accord, c'est sur lui que j'ai cogné
Une vie après l'autre,
Abattant mes poings de fer
Jusqu’à ce qu'il daigne
Encaisser sans moufter
Chérissant la civière
Le pantin a morflé
J’avais pourtant lu le manuel,
Entre deux coups de truelle,
Son corps était parfait,
Pas facile à détruire,
Fait de l'argile du marais
Et des crachats du temps
Et mon rire dans ses dents
Le pantin a morflé
J’avais pourtant beaucoup donné,
Alternant les uppercuts et les caresses
Léchant ses larmes de faiblesse
Et poussant dans sa chair
La violence des pères
Le pantin a morflé
J’avais pourtant bien étudié
Les limites de sa foi
Dans les profondeurs du moi
J’ai creusé un abysse
Pour que le jour s'enfouisse
La terreur du combat
Mais j'ai merdé quelque part
Il n'y a pas de hasard
J’ai cru combler sa tête vide
De quelques idées inoffensives
Or voilà qu'il se la pète
Fier de son corps de marionnette
Et clamant à tout va
Vivre libre je me dois
Je contemple mon œuvre à regret
Son teint blême ses yeux hagards
Et sa voix de brouillard
J’entends gémir sa plainte
Et je prends enfin pitié
Le pantin a morflé
Un dernier tour de piste
Et puis salut l'artiste
Je lâcherai les rênes
Viens donc téter l'acide
Avant que ne te prenne
L’envie d'un parricide.