Les muets obscurs dansent sur la corniche
Qu’est-ce que se souvenir,
Si ce n’est mutiler ?
Les lèvres cousues sur l’enfant qui pleurniche
Qu’est-ce que se souvenir si ce n’est rejeter ?
Sous les falaises de craie
Dans la marée montante
Les heures perdues de journées si longues
Qui se partageaient en tant de jours tant de nuit
Et dont il ne reste rien,
Que les images autorisées
D’une enfance mal bercée,
Des mains froides et sans passion
Aux tiennes dont l’empreinte a été si forte
Qu’elle se superpose encore aux miennes
Jusque dans le gonflement des veines
Les muets obscurs
Ricanent devant les efforts dérisoires
De donner sens à mon histoire
Ils ont il y a longtemps bu leur salive
En sales baisers de lave noire
Et dans leur bouche inutile
Devenue dernier gibet
Je devine leur langue bleue qui oscille,
Et les pendus du passé.