reddition

Du fond de la tourbière

Sur ses pattes griffues

Se dresse la chimère

Des spectres disparus

Comme une porte ténébreuse

Sa gueule d’ombre a surgi

Des boues limoneuses

De mes songes enfuis

Je me traîne à genoux

Mes peurs sont les offrandes

Je les tisse bout à bout

Comme de tristes guirlandes

Après un long sommeil

Ses cris stridents sonnent l’appel

Ses doigts se tendent vers le ciel

Ouvrant un noir tunnel

Je me tiens faible et tremblante

Au seuil de son étreinte

Son haleine d’épouvante

Me tient sous la contrainte

J’ignore ce qu’elle demande

Quel prix sera le sien

La sinistre marchande

Monnaye mon destin

J’ai un pied dans la tourbe

L’autre sur la rive solide

Ecartelée et fourbe

Dans un délire morbide

Du fond du marigot

Elle amène son corps

Toujours un peu plus haut

Et ses cris sont plus forts

Je me perds en résistances

Chaque nuit je vois en rêve

Sous les draps sales de la transe

L’issue impossible d’une trêve

Elle assure sa prise

Sur mon âme blessée

Je suffoque sous son emprise

Paralysée

Son étreinte est chaude et familière

Je m’éteins sous ses caresses

Mes sanglots dans la tourbière

Se figent et disparaissent.

Admin Messages : 67 Date d'inscription : 21/07/2013

Ô je l'aime celui-là, des vers pas trop longs, juste ce qu'il faut pour happer le lecteur dans ton récit, des mots bien choisis et forts (l'univers de la Baba, terrifiant à souhait) et une chute excellente ! Bravo Baba cheers