Couche-toi là
Vois ce tas de ronces,
Prêt pour toi
Laisse ses épines pénétrer ta chair,
Je les ai aiguisées pour cela
Tourne la tête
Ne regarde pas
La pointe percer ta peau pâle
Laisse ma voix te bercer
Ce ne sera pas si long
Lorsque tu seras empalée,
Ne bouge plus,
Là,
Ramène tes mains sur ta poitrine
Remonte tes genoux vers ta face
Que tes yeux se noient
Dans la pénombre de tes cuisses
Et que la douleur passe
Dans ce simulacre de gestation
Ce blanc soudain derrière ton front
Oublie les mots de l'orgueil
Laisse tes larmes couler leur vanité
Dans le cœur flétri du terrier
Ta bouche s'emplit d'humus
Ravale tes phrases inquiètes
Je mâcherai sur tes lèvres
Leur viscosité désuète
Ton corps tremble de fièvre
Dans le fourré
La terre t'a recouverte
Je te cacherai là
J’éloignerai les charognards
Aussi longtemps qu'il le faudra
Je chanterai sur ta tombe
Des complaintes sans nombres
Je chatouillerai les vers
Qu’ils dansent dans tes nerfs
Repose-toi sous la broussaille
Invisible et absente
Jusqu’à ce que ça aille
Je serai alors là
Forte et patiente
J’arracherai les barbelés
Que je t’ai enfoncés
Et je briserai les charmes
Qui t’ensorcelaient l’âme
Tu renaîtras alors
En attendant :
Dors.